La première pollution qu’on remarque en arrivant au Sénégal c’est celle de l’air. Le nuage permanent au dessus des têtes chargé de gaz d’échappement est visible à l’oeil nu. L’OMS alerte sur l’atmosphère de la capitale qui serait la deuxième ville la plus polluée du monde, à coup de mondialisation, de dirty diesel et de vieilles bagnoles rafistolées. Mais c’est bien entendu tout le pays qui en train d’étouffer sous les effets du manque de législation sur les normes polluantes des industries et des véhicules, de la corruption généralisée des instances de contrôle, de la mainmise des pays capitalistes sur les initiatives d’économies circulaires et des lacunes sur les dangers de la pollution plastique au sein des foyers, le tout cultivé par l’absence de débat politique sur le sujet.
Le péril plastique est ici de l’ordre du quasi vivant, fusionnant progressivement avec le sable, les plages, les arbres, les routes, les animaux, les habitats, les habitants. Des panoramas déchetterie pour un pays au bord de l’asphyxie. C’est sans compter sur la malveillance de l’Europe qui continue de considérer l’Afrique comme un pays poubelle, totalement décomplexée d’y jeter ses déchets plastiques (cf notamment le scandale du géant maritime Hapag Lloyd en détail ici ). Awa Traoré, chez Greenpeace Afrique s’insurge : “Il est temps de mettre fin à cette colonisation des déchets qui touche à la dignité humaine ». Le néo-colonialisme à la sauce plastique accompagne parfaitement l’exploitation abusive des ressources du continent africain.
Alors les initiatives individuelles et locales de gestion des déchets font figure d’exceptions ; l’entreprise Proplast à l’initiative de Germaine Laye et de ses soeurs, usine de valorisation des matières plastiques, Modou Fall, l’homme plastique, qui arpente les rues de Dakar en costume de déchets pour sensibiliser à la question, et tous les petits collecteurs, à pieds ou à cheval, as de la récup’, souvent méprisés et pourant tellement vertueux.
A Gandiaye, Kahone et Keur Madiabel, communes de l’intérieur du pays, dans la région de Kaolack, accompagnées par l’ONG Caritas Kaolack, en partenariat avec Autre Terre, l’expérience des coopératives de gestion des déchets solides, organisées entre habitants et communes semble porter ses fruits.
Même si je n’ai pas attendu d’être en Afrique pour être sensible à cette question, mon fils vivra probablement une partie de sa vie au Sénégal et je cherche un moyen de participer à un changement, une initiative peut être, ou ne serait-ce qu’une simple prise de conscience. Pour le moment, si j’aborde le sujet, j’ai l’impression de piétiner des certitudes avec mes grandes bottes occidentales donneuses de leçon. Et la sensation que limiter la consommation de plastique, c’est les priver d’un erzatz de modernité. Par ailleurs je vois bien que les problématiques de survie quotidienne sont déjà dans la plupart des foyers trop délicates pour faire place à des considérations écologiques.